Fondation de la première Loge neuchâteloise, Aux Trois Étoiles Flamboyantes. Une patente est délivrée le 9 juillet 1743 par la «Très Juste et Parfaite Loge Aux Trois Globes des Francs et Libres Maçons» de Berlin, pour officialiser cette nouvelle loge. On ne sait malheureusement que peu de choses au sujet de cette loge, mais sa création est précoce et intervient dans un contexte international particulier dans la création des loges : si les loges helvétiques sont d’inspiration anglaise, celle de Neuchâtel, alors principauté prussienne, est d’inspiration germanique. Notons enfin que cette fondation s’est faite suite à la requête du Maire de La Chaux-de-Fonds, Jacob Perret (1695-1748).

Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds, Fonds spéciaux, Archives de la Loge VFU, Procès- verbaux, 1774-1776 (non paginé).

Fondation de la loge du Locle Les Vrais Frères Unis. Comme aucun acte de fondation – ou patente – n’est conservé dans les archives de la loge, on considère la première réunion, dite Tenue en langage maçonnique, comme date de fondation. Néanmoins, la loge est probablement un peu plus ancienne. Le premier registre des Verbaux (1774-1776) renferme le procès-verbal de cette Tenue le 2 octobre 1774. On y a principalement pris connaissance de la «lettre de constitution» rédigée par la Grande Loge de France, élu le collège des officiers et fixé quelques bases réglementaires et administratives, telles que le «prix des réceptions», la somme dont doit s’acquitter tout nouveau frère.

C’est avec le concours de la Loge La Sincérité de Besançon, avec qui la Loge locloise entretient des liens nombreux et cordiaux, que cette régularisation se concrétise. La Constitution régulière est octroyée le 5 juin 1780.

Les Frères s’installent le 23 juin 1784 dans des locaux situés à «La Claire» (Jaluse),dans un bâtiment à usage de «moulin à lavures et éparts d’or». Ils y occupent une salle assez vaste pour s’y réunir.

La Loge Zu den drein Weltkugeln est fondée le 13 septembre 1740 à Berlin. Depuis 1707, Neuchâtel est une principauté prussienne largement gouvernée par l’aristocratie locale, les rois de Prusse n’attachant que peu d’intérêt politique à cette principauté si lointaine de Berlin. Frédéric II, dit Le Grand, prince de Neuchâtel de 1740 à 1786, a lui-même été franc-maçon, initié en août 1738 à Brunswick.

Ce sont des frères externes des Vrais Frères Unis du Locle qui, empêchés de se rendre à leurs réunions, prennent la décision d’organiser des Tenues sur le littoral neuchâtelois. Cette loge se nommera d’abord Frédéric-Guillaume La Bonne Harmonie; le nom du monarque ne sera retiré qu’après la contre- révolution de 1856. La loge se réunit dans divers lieux au fil de son histoire : chez un fabricant de chandelles à la fin du XVIII^e siècle, chez des particuliers, au restaurant du funiculaire du Plan, à la «possession du Tertre» (actuelle «Petite Rochette», Avenue de la Gare 47 à Neuchâtel) entre 1812 et 1841. En 1859, la loge, en bonne forme, se construit son propre bâtiment au Faubourg du Crêt, actuellement rue de la Pierre-à-Mazel, à l’est de la ville, où elle se trouve toujours, dans un bâtiment reconstruit en 1976.

Archives de l’État de Neuchâtel, Fonds Iconographie, gravure représentant la fête d’inauguration du percement du Col-des-Roches.

Cet important chantier est dû à l’instigation de Jean-Jacques Huguenin(1778-1833), Vénérable de la Loge de 1805 à 1828. Un projet de percement a déjà été évoqué au XVIII^e siècle. En 1779, on débute des travaux; ceux-ci seront rapidement abandonnés, le prince de Neuchâtel s’opposant à ce projet onéreux et ne souhaitant pas que la route qui mène en France par le Val-de-Travers soit péjorée. Le percement de 1803-1805 a pour but premier de gérer les problèmes récurrents liés aux crues du Bied. Il faudra attendre 1850 pour que le Col-de-Roches permette la circulation des personnes, grâce à la création d’un tunnel.

Un nouveau Temple est inauguré au château des Monts, construit vers 1785-90 pour Samuel Dubois, horloger et fabricant de tabac, probablement d’après des plans de l’architecte lausannois Gabriel Delagrange. Très vite, il sera jugé trop petit et, le 23 juin 1811, un nouveau lieu est inauguré chez Louis Huguenin, dans sa maison des «Reçues» qui devait se trouver dans l’actuelle rue du même nom, au-dessus de la rue du Crêt-Vaillant.

Archives de l’État de Neuchâtel, Fonds Iconographie, portrait de Nicolas-Charles Oudinot (non coté ; fonds en cours de classement).

6000 hommes conduits par le général Nicolas-Charles Oudinot (1767-1847) entrent au Locle pour prendre possession de la Principauté de Neuchâtel, désormais sous la domination de Napoléon. Un certain nombre de gradés, francs-maçons eux-mêmes, sont reçus par les Frères loclois. Le passage d’Oudinot, lui-même franc-maçon, et de ses soldats réanime la loge locloise.

portrait de Marie-Anne Calame (Wikipédia, domaine public).

Madame Calame, piétiste native du Locle, fonde avec des amies cet établissement ayant pour but d’apporter un lieu d’enseignement et un atelier professionnel aux jeunes filles et, à partir de 1820, aux garçons nécessiteux. Les frères de la loge locloise vont apporter un grand soutien à cette institution.

En 1807 déjà, cette idée faisait son chemin, un Frère domicilié à La Chaux-de-Fonds demandant qu’il soit trouvé un lieu plus proche pour que les membres habitant cette ville puissent plus aisément se réunir. La loge du Locle compte alors un certain nombre de Frères domiciliés à La Chaux-de-Fonds et dans le vallon de Saint-Imier; le trajet devient donc trop long pour ceux-ci. Le 14 août 1819, La Loge L’Amitié peut commencer ses travaux, même si sa patente de Constitution ne sera entérinée qu’en 1821. Le Temple est inauguré le 20 décembre 1820. Leurs locaux sont pillés, puis démolis, la Loge va ensuite construire un nouveau bâtiment en 1844-45, qu’elle occupe encore aujourd’hui.

La Loge Les Vrais Frères Unis s’installe dans un local situé à l’actuelle Rue Bournot 15. La loge traverse alors des années difficiles; les Tenues se raréfient et les effectifs sont en baisse. L’inauguration de ce nouveau lieu de réunion a lieu le 26 novembre 1826.

La Loge Les Vrais Frères Unis construit un nouveau lieu de réunion et rejoint la Grande Loge Nationale Suisse. Il s’agit là de deux événements très importants dans l’histoire de la loge. Après des années difficiles, c’est un véritable vent de renouveau qui souffle sur la Loge. Le 6 avril 1829, une commission est constituée pour la recherche d’un local. Celui-ci est construit rapidement, puisqu’en novembre déjà il est question de choisir la décoration du Temple. La première Tenue dans ce nouveau lieu aura lieu le 5 avril 1830. La loge se réunit toujours dans ce même lieu, situé rue des Envers.

Archives de l’État de Neuchâtel, 5CAP-5.92, reproduction sur une carte postale d’une gravure montrant le Locle en 1830.

Un incendie ravage une importante partie du Locle: 15 maisons situées dans le centre du village sont détruites par le feu, et 515 personnes se retrouvent sans abri. Le clocher du temple faillit brûler aussi. La reconstruction du quartier touché se fait selon un tracé orthogonal, que l’on adopte aussi pour les quartiers de Bournot et des Envers. Cette reconstruction va avoir un impact sur toute l’urbanisation future de la ville naissante.

Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds, Fonds spéciaux, Archives de la Loge VFU, Verbaux, 1839-1855, extrait de la Tenue du 25.06.1842, p. 116.

Signature, le 25 juin 1842 au Locle, de l’Acte d’Union, qui est à la base de la future GLSA, la Grande Loge Suisse Alpina. C’est là un moment historique dans l’histoire de la franc- maçonnerie helvétique, puisqu’il s’agit ici d’un premier pas décisif vers la réunion de toutes les loges suisses sous une même autorité.

Création, à Zürich, de la Société des Loges suisses Alpina, qui deviendra ensuite la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA). Cette naissance fait suite à l’Acte d’Union signé en 1842 au Locle. Le 22 juin 1844, les représentants de 14 Loges suisses signent le Pacte d’Union lors d’une fête organisée sur trois jours à Zürich. Il faut néanmoins attendre 1913 pour que l’appellation actuelle de Grande Loge Suisse Alpina, la GLSA, soit adoptée.

Ce petit hôpital est alors aménagé dans une partie du bâtiment de la Loge. Il fusionne en 1855 avec un établissement analogue, lui aussi créé à l’initiative de Frères loclois, donnant naissance à l’hôpital du Locle, aujourd’hui dédié à un centre de réadaptation du Réseau Hospitalier Neuchâtelois (RHNe).

Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds, Fonds spéciaux, Archives de la Loge VFU, Verbaux, 1855-1879, extrait de la séance du 26.01.1871.

Du 1^er au 3 février, 87'000 Bourbakis et 12'000 chevaux rejoignent la Suisse via Les Verrières, Sainte-Croix, Vallorbe et la vallée de Joux. Ils reçoivent assistance et soins, et les locaux de la Loge sont affectés à l’usage de l’Ambulance fondée par quelques Frères. L’internement en Suisse de cette armée ayant vécu une véritable débâcle durant la guerre franco-prussienne de 1870-71 est considéré comme l’une des premières actions humanitaires majeures de la Croix-Rouge.

une vue de la salle des fêtes

Inauguration des locaux redécorés par un peintre d’origine italienne, Coppa, à qui l’ondoit d’autres travaux de décoration, entre autres dans des cages d’escalier à La Chaux-de- Fonds. Il signe les décors du Temple et de la salle des fêtes, mettant en scène toute la symbolique maçonnique dans un trompe-l’œil d’architectures feintes.

Archives de l’État de Neuchâtel, 5CAP-5.6, carte postale créée suite à l’incendie des Billodes.

L’Asile des Billodes est ravagé par un incendie le 16 février 1901. La Loge met ses locaux à la disposition de l’institution jusqu’à ce que les bâtiments puissent à nouveau accueillir les pensionnaires. Une carte postale est créée à cette occasion, vendue en faveur des orphelines.

Archives de l’État de Neuchâtel, 5CAP-5.4, carte postale anniversaire de 1924.

À cette occasion, une plaquette et une carte postales sont publiées. Cette dernière montre une vue générale du Locle et, en médaillon, une vue de la loge.